rentrée littéraire septembre 2008 - envie de lire
1996. Quand Hanna, jeune Australienne, restauratrice passionnée de manuscrits anciens, apprend qu'on veut lui confier la célèbre Haggadah de Sarajevo, elle sent qu'il s'agit de la chance de sa vie.
Plus à l'aise en compagnie des livres que de ses contemporains, elle part à la rencontre de ce précieux manuscrit hébreu, ressurgi des Balkans en ruine.
Au fil de minuscules indices, Hanna va peu à peu percer les secrets de ceux qui ont tenu entre leurs mains cet ouvrage sacré.
De la jeune adepte de la Kabbale qui le sauve de l'Inquisition espagnole, à l'intellectuel musulman qui le soustrait à la menace nazie, en passant par le censeur vénitien qui le fait échapper à l'autodafé, une odyssée flamboyante dont Hanna s'apprête à écrire une nouvelle page, qui va la mener de désillusions en découvertes, de reconstruction en amour naissant, sur les traces de sa propre histoire...
Un roman dédié “Pour les bibliothécaires” ne saurait être entièrement mauvais. En l’espèce, c’est la moindre des choses mais la gratitude n’est pas toujours le fort des auteurs.
Geraldine Brooks leur est reconnaissante car ils l’ont tous aidée d’une manière ou d’une autre.
Forcément, toute son histoire repose sur les heurs et malheurs d’un manuscrit mythique dit “la Haggadah de Sarajevo”.
Le Livre d’Hanna (traduit de l’américain par Anne Rabinovitch, 22 euros, Belfond) s’intitule dans sa version original People of the book, ce qui pourrait prêter à confusion si on le reprenait tel quel car dans le Coran les “gens du livre” (ahl al-kitab) désigne les Juifs et les chrétiens.
Il s’agit bien d’une fiction, pour ce qui est de l’intrigue et des personnages, mais inspirée par des événements réels.
L’héroïne est une jeune australienne, restauratrice de manuscrits anciens, qui n’ignore rien du fonctionnement des comparateurs vidéospectraux ; elle se voit confier, à la faveur de la guerre civile en Bosnie, une relique des plus précieuses sauvée du carnage in extremis. On l’envoie sur place en mission pour l’expertiser et l’examiner.
Alors resurgit sous ses yeux toute l’histoire secrète de ce livre vénéré.
Sarajevo 1940 et 1996, Vienne 1894 et 1996, Venise 1609, Tarragone 1492, Séville 1480 mais aussi Jérusalem et Boston de nos jours.
Rares sont les livres qui incarnent par leur destin de livre unique une partie de l’aventure humaine sur une poignée de siècles. C’est peu dire qu’il porte un monde en lui tant l’Histoire habite et hante chacun de ses signes.
Geraldine Brooks, qui fut longtemps correspondante de guerre pour le Wall street journal, avait découvert l’existence de ce livre lors du siège de Sarajevo par les Serbes, alors que la bibliothèque était en feu.
Disparu, on le crut perdu ; ce récit en hébreu de la sortie d’Egypte, médiéval et enluminé, ne fut retrouvé qu’après la guerre grâce à un bibliothécaire musulman qui l’avait soustrait au pire en le cachant dans le coffre-fort d’une banque.
Un miracle qu’il ait survécu. Ce n’était qu’un des plus récents épisodes de sa longue et tumultueuse transhumance. L’auteur la rapporte à travers un récit kaleidoscopique, suffisamment construit pour que l’on n’y perde pas, qui contient en creux une vraie réflexion sur la transmission.
Sarajevo n’est pas Saragosse, et Brooks n’est pas Potocki ; il n’empêche que son histoire de manuscrit retrouvé est passionnante. La matière est très travaillée mais on ne sent pas le travail derrière, on oublie même ce qu’on suppose d’enquête et de documentation pour se laisser prendre par l’action, les personnages, à commencer par le premier d’entre eux, le véritable héros du roman, le manuscrit sacré de de la bibliothèque dévastée de Sarajevo.
images : (”Page de la Haggadah de Sarajevo”, et “Bibliothèque Nationale et universitaire de Bosnie-Herzégovine à Vijecnica, Sarajevo, mai 1996″, photos D.R.)
divers : http://www.sitartmag.com/gbrooks.htm
Me semble passionnant... je vais essayer de me le faire offrir de toute urgence !
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voir les nouveautés chez l'éditeur : http://www.belfond.fr/site/page_nouveautes_&115&1&4&2.html
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