mardi 16 septembre 2008

Christian Authier - Une Belle époque

rentrée littéraire septembre 2008
sélectionné pour le renaudot

Les portes du Cardinal avaient été repeintes. D'un vert foncé qui ressemblait à celui des poubelles municipales.
J'avais appris que l'endroit était devenu un restaurant oriental puis une gargote à brochettes. Aucune plaque n'indiquait son activité actuelle, absence d'identité sociale laissant supposer que plus grand monde ne devait se presser dans ce qui avait été l'un des hauts lieux de la vie nocturne. En fermant les yeux, j'aurais pu entendre des rires et des musiques.
Sept ans que je n'avais plus mis les pieds ici.
Un septennat. Mot qui, à son tour, disparaîtrait de l'usage au profit du quinquennat.
Parfois, je croise Daniel dans les rues de la ville quand il revient pour quelques jours de vacances loin de son exil marocain, mais les autres témoins de ce temps se font encore plus discrets que l'ancien maître des lieux où nous nous étions tant aimés.
On ne passait pas douze heures sans se voir. Marc, Antoine, Léon... Une fine équipe. Nous étions inséparables. Tout s'est envolé. Il y a eu le procès. Mine de rien, cela a compté.

Biographie de l'auteurChristian Authier est né en 1969.
Il est l'auteur de trois romans parus chez Stock,
Enterrement de vie de garçon (2004),
Les Liens défaits (prix Roger-Nimier ; 2006)
et Une si douce fureur (2006).

note de bibliosurf

Le narrateur retourne sur les lieux de sa jeunesse, ceux d’une grande ville de province, où il a connu de l’automne 1994 au printemps 1995 une certaine liberté, l’ivresse du pouvoir et un amour inoubliable.
Ce fut une belle époque.

Après ses études, il travaille furtivement dans une agence de communication, puis dans le quotidien régional dont les propriétaires, une famille de notables véreux, ont beaucoup à se reprocher.
Un jour, s’offre à lui et à ses amis l’occasion de se mettre au service d’un maire qui rêve de destinée nationale sur fond de campagne présidentielle. Ils n’ont pas vingt-cinq ans et l’avenir leur appartient, l’argent facile et l’envie de s’amuser font le reste.
Ils organisent une opération humanitaire, aident à monter une pièce de théâtre, exhument le rôle d’une âme damnée de la collaboration et trouvent même une recette-miracle contre le chômage…
L’époque prête à la confusion des genres.
On ne jure que par la communication et les vertus de la modernisation à tous crins.

Épousant les ambitions d’une nouvelle génération de politiciens, dont les bons sentiments affichés masquent à peine le cynisme, la petite « troupe » découvre vite les eaux glacées des calculs égoïstes et des basses manipulations.

Dans cette période tourmentée, l’élégance archaïque et la grâce de la belle Clémence rappellent toutefois au narrateur que la vie vaut d’être vécue. Du moins, il ne pouvait alors imaginer vivre autrement.-http://www.bibliosurf.com/Une-Belle-epoque

revue de presse : bibliobs
Rencontre avec Christian Authier
Le hussard noir de la ville rose - Par Ariane Chemin

Il aime Drieu, Eastwood, l'OM et les histoires qui finissent mal. Le journaliste acéré de «l'Opinion indépendante» publie «Une belle époque», son quatrième roman

Pour le trouver, gagner Toulouse, avec pour guides ses quatre romans. Suivant le jour et l'heure, demander les bureaux de «l'Opinion indépendante», rue Alsace-Lorraine, ou, plus sûrement, rejoindre le Tire-Bouchon ou la terrasse du Temps des Vendanges, place de l'Estrapade, «là où le temps peut s'arrêter si les compagnons et les flacons sont bien choisis».
S'il n'y est pas, pousser la porte du Volcan, une cave de la rue des Filatiers, chère à son coeur. C'est là que Christian Authier goûte ses vins, qu'il aime naturels.
«Plus il y a de morceaux qui flottent dedans, mieux c'est», précise son ami Sébastien Lapaque, écrivain, critique littéraire et amateur de cigares comme lui.

Né en 1969, Christian Authier, journaliste à Toulouse, est notamment l'auteur des "Liens défaits", prix Roger-Nimier 2006.

Les livres, pour Authier, sont comme les «papiers d'identité» de l'écrivain. Grâce aux bandeaux photos qui signent la «Bleue», collection de Jean-Marc Roberts chez Stock, les siens forment le flybook d'une vie.
On le voit grandir et mûrir, lentement.
Lorsque Christian Authier était étudiant à Sciences-Po Toulouse et consacrait son mémoire à Drieu, il portait déjà les mêmes lunettes rondes, mais une coupe bien dégagée derrière les oreilles. «Ton look Brasillach», disaient ses amis d'alors.
Aujourd'hui, les cheveux noirs, raides et longs, brouillent les pistes de son imaginaire politique, en même temps que le visage enfantin dément son âge: 38 ans.

Christian Authier ne parle pourtant que des années qui passent. Livre après livre, il s'applique à raconter cette génération qui enterre sa vie de garçon dans les années 1980 et cultive des goûts musicaux de deuxième rayon: ce sont les tubes qui balisent sa jeunesse, puisque, décidément, il ne se passe rien.

Christian Authier compte parmi ces «regretteurs d'hiers» qui, dixit Alain Souchon, pensent que «toute'qu'on gagne on l'perd».
Chez lui, on meurt jeune, par suicide ou par accident; chez lui, les histoires d'amour finissent mal, en général.
Des filles nature aux prénoms sages finissent toujours par abandonner l'auteur, d'un coup englouti par des eaux grises, «bien cassé», s'inquiète un jour l'ami «Patrick» (Besson), dont Authier fut il y a dix ans le biographe.
Sur le diaporama des couv' de Stock qui tous les deux ans enveloppent la fine autopsie de ses gros chagrins, le sourire qui se ferme lentement raconte aussi la perte de l'innocence.

Pas d'aigreur chez Authier, juste du «cynisme politique» - comme tant d'autres désenchantés de la génération Mitterrand.
«C'est le seul reproche qu'on pourrait faire à ce très sérieux critique et cet écrivain qui commence à devenir solide», dit en souriant Christian Thorel, le patron de la librairie Ombres blanches à Toulouse, plus fan des Motivé-e-s ou des Fabulous Trobadors que du petit hebdomadaire de la droite ultralibérale où, à côté des éditoriaux de François d'Orcival, Authier chronique chaque semaine les livres, le septième art, et parfois le foot - il est un fervent supporter de l'OM.
A ses lecteurs, Authier vend Scorsese, Burton, Tarentino, et surtout Clint Eastwood - «pas comme son copain Neuhoff qui n'aime que le cinéma français», s'amuse Lapaque.

Côté livres, ce hussard amoureux des lignes claires sait aussi s'enthousiasmer pour «Plateforme» de Houellebecq : «Je me dis que nous avons la chance de connaître un grand écrivain vivant, et de suivre une oeuvre en train de se faire, comme celle de Taillandier.»

Enfin, lorsqu'il chronique des essais, Authier ne loupe jamais l'occasion de critiquer, en vrac, les Européens, les bobos de gauche, l'hygiénisme qui interdit la cigarette ou le mouvement anti-corrida.
«C'est, comment dire ? Un anar de droite, volontiers persifleur», décrypte son patron Serge Didier, passé, lui, par les jeunesses d'extrême droite avant de devenir l'avocat de Dominique Baudis. «Sauf qu'il n'a jamais la rage méchante d'un Besson, nuance Lapaque. Et quand "les Inrocks" l'ont traité d'"écrivain moisi"», il a été très blessé.»

Parfois, le jeune Toulousain s'évade jusque dans la capitale partager quelques festins chez Yves Camdeborde, le débonnaire bistrotier terroir et business du Comptoir du Relais, carrefour de l'Odéon, ou, jusqu'à ce que la mort ne vienne interrompre leur projet d'entretiens, rencontrer Pascal Sevran - «l'ancien secrétaire d'Emmanuel Berl».

Mais, trop fragile et délicat pour jouer les Rastignac, le jeune homme revient vite et toujours dans la Ville rose.
Ecrivain régionaliste, Christian Authier?
«Surtout pas! repond son amie Isabelle Desesquelles, la libraire-chef de chez Privat. «Toulouse est le terrain de sa déambulation nostalgique : plus qu'à cette ville il est attaché à ses souvenirs.»

«Une belle époque», son nouveau roman, campe une grande famille de gauche au trouble passé collabo qui règne via sa «Gazette» sur toute la région : «la Dépêche du Midi» des Baylet a forcément inspiré la satire. «Je raconte seulement la province», assure, prudent et d'un coup un peu inquiet, le chroniqueur de «l'Opinion».

Note.

Encore un bouquin avec des conotations "politiques"...
vraiment pas envie de le lire...
quoi que... "grande famille de gauche au trouble passé collabo"... titille ma curiosité.

Par contre je relirai bien "les grandes familles"...




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