jeudi 4 septembre 2008

Merot Pierre - Arkansas

Rentrée littéraire 2008
envie de lire
Après Mammifères (prix de Flore 2003), Pierre Mérot met sa plume acérée au service d un splendide roman lumineux et généreux.
À l'automne de sa vie, Traum, un écrivain talentueux mais délicieusement raté, se confie à Baragouin, sorte de secrétaire auquel il livre ses dernières pensées, ses rêves, ses amours, mais aussi des révélations.
Celles-ci tournent autour de Kurtz, un ancien ami, un auteur « à la saloperie de talent » qui a construit son succès mondial sur une oeuvre annonçant les crépuscules de notre civilisation.
Kurtz a gagné la fortune et une célébrité sulfureuse, puis est parti s isoler en Espagne dans un lieu secret, « Arkansas ».
Là-bas, une secte d'admirateurs à la recherche d'une utopie s'enfonce peu à peu dans le cauchemar...
Dans un style lyrique inimitable, gorgé d inventions et de fulgurances, Pierre Mérot nous offre une rhapsodie littéraire revigorante et optimiste, véritable ronde de personnages en quête d'amour et de rédemption : un clochard à l'intelligence « plus vive et plus mobile qu un voleur sur le toit », des amants « brisant des mots d amour entre leurs dents », la mystérieuse « Anna-la-Jubilante » et puis Rita, l'extravagante Rita, venue de l'Est...
Arkansas, oeuvre sur la transmission de la création artistique comme ultime salut des âmes perdues, est le grand roman attendu par ceux qui ont salué, avec Mammifères, l'immense et singulier talent de Pierre Mérot.
Biographie
Pierre Mérot a une quarantaine solide.
Il est l'auteur de Mammifères (Flammarion 2003),
mais auparavant de trois textes virtuoses : Pays-sur (La Différence 1987),
Crucifiction (La Différence 1991)
et Petit camp (Parc éditions 2001) ;
ces deux derniers réunis et réédités chez Flammarion en 2004.
En 2005, il publie un roman réaliste, L'Irréaliste (Flammarion). Il enseigne toujours dans la banlieue nord de Paris.

Revue de presse :
Portraits déguisés - Houellebecq au pilori

A force de vanter les mérites du clonage, cela devait arriver: voilà Michel Houellebecq cloné à son tour, bien malgré lui, dans le beau et cruel roman de Pierre Mérot Arkansas.

On y assiste en effet, à travers le regard d'un homme de lettres vieillissant nommé Traum, à l'irrésistible ascension et à la chute d'un certain Kurtz, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à notre Houellebecq national.
Auteur de best-sellers nauséeux intitulés Entreprises, Tourismes et Clonages, ce personnage à la mèche filasse, à la manière de fumer «compliquée» et aux dégoûts péremptoires a distancé tous ses rivaux.
Plein d'humour en même temps que d'un inquiétant sérieux, il n'a eu de cesse, comme Houellebecq, d'effacer son passé, trichant sur son âge, trahissant ses amis et se prétendant abandonné par sa mère pour mieux justifier sa haine du monde.

Depuis qu'il est devenu une star planétaire, l'ex-frustré a cependant troqué les anoraks et les chemisettes Monoprix pour les vêtements de marque.
Le chantre de la misère sexuelle moderne a pu «se taper toutes les connes» qu'il désirait. «Plus on l'a adulé, plus il a méprisé et haï», écrit Pierre Mérot. Qui excelle à pasticher les provocations houellebecquiennes («La seule chose intéressante chez Céline, c'est son antisémitisme», lâche ainsi Kurtz sur un plateau de télé).
Portrait à charge? Pas si simple.
Certes, ses romans sombrent dans la facilité du glauque, mais Kurtz-Houellebecq a su refléter un nihilisme d'époque. Lui, du moins, «a fait l'effort d'aller vers les autres, même si c'est pour les haïr», reconnaît Traum, jaloux mais beau joueur.

Les choses se gâtent, dans la deuxième partie du roman, lorsque Kurtz, en digne émule de Raël, achète un ranch dans les solitudes brûlantes de l'Andalousie, pour y fonder une communauté.
Utopie presque plausible que ce phalanstère partouzard, baptisé «Arkansas».
Devenu gourou, Kurtz y donne libre cours à son érotomanie, à sa misanthropie, à son scientisme naïf.
Entre deux conférences sur le clonage, ses adeptes - parmi lesquels un écrivain à fume-cigarette et un animateur de télé libertin - vaquent parmi les nymphettes nues, se nourrissent de camembert Carrefour (car le maître est pingre), tandis que des haut-parleurs martèlent l'Ode à la joie ou des extraits de La Possibilité d'une île.
Mais, bientôt, cette ambiance digne de Mon curé chez les nudistes cède la place à des turpitudes façon Salo ou les 120 journées de Sodome.
Sombrant dans la démence, Kurtz finit par immoler ses disciples par le feu. Et par solder son contentieux avec la gent féminine en découpant sa mère et sa femme en petits morceaux...

Ces scènes grandguignolesques - pour ne pas dire choquantes - ont pour contrepoint des chapitres aériens retraçant les dernières heures du vieux Traum.
Tandis que les flammes de l'apocalypse dévorent Kurtz le «grantécrivain», Traum le raté, dans les divagations de l'agonie, revoit ce qu'il a le plus aimé au monde: Jean-Sébastien Bach, sa femme disparue, la ville de Bruges...
Difficile de ne pas être bouleversé par cette assomption baroque, qui fait d'Arkansas bien plus qu'un roman à clef: une fable alcoolisée sur l'étrange métier d'écrivain, sur la souffrance surmontée et le sens de la vie.
Aux dernières nouvelles, Michel Houellebecq, à qui le livre a été envoyé, l'aurait trouvé «d'une lecture très déplaisante». François Dufay
*
Note :
Sûre et certaine,
ce livre, je vais le lire...
et même l'acheter !

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