mercredi 10 septembre 2008

Mathieu Belezi - C'était notre terre

Rentrée littéraire septembre 2008


Le domaine de Montaigne, quelque part en Kabylie : 600 hectares de collines, de champs de blé, d’orangers, d’oliviers et de vignes.
La terre de la famille de Saint-André depuis un siècle

Au cœur de ce petit royaume, une maison de maître et ses dépendances entourées de palmiers, d’acacias, de pins et de figuiers. Six personnages : le père, la mère, les trois enfants (dont un a embrassé la cause du FLN) et la domestique kabyle.

Tout au long du roman, leurs voix s’interpellent et se répondent, se prennent pour ce qu’elles ne sont pas, tempêtent, supplient, invectivent des fantômes, se souviennent.
Le passé, c’est le quotidien du colon dans sa colonie, cette façon de régner en maître sur un pays qu’il a « fait » et des gens à qui il « apporte la civilisation ».

Le présent de ces voix, c’est la difficulté et l’amertume de l’exil dans une France hostile, bien peu disposée à ouvrir les bras.

Et c’est aussi la souffrance d’un déracinement insurmontable. Saga des de Saint-André –avant, pendant et après l’indépendance de l’Algérie-, composé de scènes fortes - guerre, sexe, sentiments exacerbés, haines viscérales-, ce roman, comme ceux de Faulkner, traduit le chaos de la grande histoire, se dit à travers les passions de ceux qui font la petite.
Le souffle qui porte de bout en bout cette saga, la profonde originalité de sa structure polyphonique et de son rythme incantatoire donnent à l’œuvre un caractère unique : on croit entendre, en la lisant, le chant funèbre des déracinés de tous les temps.
*
L'Auteur :
Né à Limoges, deux années en Louisiane, une en Inde.
Le reste du temps à errer entre Paris, le Périgord et la Provence.
Et depuis trois ans en Italie.
Auteur de plusieurs romans (dernier paru : La mort, je veux dire, Serpent à plumes, 2005).


Un peu d'Histoire :


Au début du XIXe siècle, les régences ottomanes d'Alger et de Tunis sont découpées en régions avec à leur tête des deys ou beys. Elles sont administrées (fort mal) par des fonctionnaires turcs, appelés aghas ou bachagas. En-dehors des villes, les chefs locaux, qu'ils soient berbères ou arabes, conservent une grande autonomie, en contrepartie d'un impôt versé aux représentants des sultans. Ceux-ci ne sont guère appréciés et suscitent de fréquentes révoltes.
C'est dans ce contexte que va naître et s'épanouir Abd el-Kader, héros de la résistance algérienne à la conquête française, mais aussi promoteur avant l'heure d'un islam d'ouverture et précurseur du réveil national arabe.


Note :

Bien longtemps que je n'ai plus lu de grande saga...
le thème, les lieux, l'histoire, me donne bien envie de lire celle-ci...
Pour mémoire,

me rappelle un autre livre : "le convoi 13" chronique romanesque (1848-1871) de Jacques Roseau et Jean Fauque...

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