vendredi 26 septembre 2008

Première sélection du Prix Interallié 2008

Le jury du Prix Interallié a publié jeudi 25 septembre sa première sélection pour son prix qui sera attribué le 18 novembre.

Christophe Bataille Le rêve de Machiavel Grasset

Quelques semaines avant sa mort, à Florence, Machiavel est surpris par la peste. La ville est comme son tombeau. Derrière les palissades, on vit dans la peur, on abandonne ses enfants, on vole du pain gris, on se lave au vinaigre. En quelques heures, l’humanité s’effondre.
Sur les bords du fleuve, un prophète réclame des bûchers. Une sorcière tombe en transe. Etrange enfer que cette ville somptueuse, encerclée par les soldats, où se multiplient les meurtres et les viols…
Tel est le piège dans lequel se trouve pris le grand penseur politique, l’homme parfaitement civilisé, le voyageur, l’intriguant, l’écrivain. Mis à nu par la maladie, seul, Machiavel garde les yeux ouverts. Sans trop savoir pourquoi, il sauve du bûcher une jeune femme malade…. « Et voici ce que je raconte, après dix années de doute et d’esquisses : le dernier amour de Machiavel. Comment le penseur tombe amoureux au milieu des corps et des mauvais rêves.
Le prince qu’il n’est pas décide de soigner cette femme, il la lave, la dévêt, lui parle, l’embrasse, s’allonge contre elle, contre elle et contre tout, jusqu’au dernier instant…. Je prends Machiavel à son histoire. J’en fais un homme.
Pour Machiavel, il a fallu ce long chemin. Il a fallu les voyages, l’exil, il a fallu les livres, les traités, les grandes découvertes, les femmes, la bizarre course du temps pour qu’il ne reste rien : rien du grand esprit, rien de la gloire. Car la peste renverse tout. »
Christophe Bataille nous donne un magnifique roman sur la maladie et le néant, qui sonne comme un avertissement : le mal ne se dit pas, et ses formes sont légion. Mais c’est aussi un roman d’amour, car c’est un geste d’amour qui renverse Machiavel et le monde.

Serge Bramly Le premier principe Le second principe Jean-Claude Lattès

Les faits : Ceci est une histoire peut-être vraie de la fin du XXe siècle que l’on pourrait conter ainsi : un photographe Max Jameson traquait une princesse, le photographe avait pour voisin un marchand d’armes et pour ami un premier ministre. Tous les quatre ont connu la lumière puis une fin tragique.

Le contexte :Le photographe en question, charmeur, mais sans foi ni loi, avait deux faiblesses : de redoutables attaques de paniques qu’il dissimulait comme une maladie honteuse, et une femme amoureuse mais très infidèle; le marchand d’armes était parvenu à s’implanter en Iran juste avant la guerre contre l’Irak avec la bénédiction de la France et de l’Otan puis avait été écarté comme un pestiféré. Le premier ministre quant à lui était conseillé par un certain Massard , l’un de ces brillants universitaires de l’ère mitterrandienne, grisé par la politique, et entraîné par ses connaissances financières sur des terrains glissants… Chaque personnage était convaincu d’agir dans l’intérêt général.
Chaque personnage faisait partie d’un même système, tous vivaient dans le mensonge.
Le sens de l’histoire nous est révélé par le narrateur, analyste du boulevard Mortier, autodidacte, passionné de physique, - il est abonné à science et vie – et qui des années plus tard, a accès aux sources ouvertes de la DGSE. Ce personnage subtil et pragmatique va rassembler les pièces du puzzle à la manière des grands romanciers russes qui découvrent en tâtonnant les aspects inconnus de l’existence.
Sa grille de lecture des faits passe par le prisme des deux grands principes de la thermodynamique : l’entropie du second principe qui fait que dans un système clos, le désordre ne va que croissant ; la loi de conservation de l’énergie qui régit le premier principe - placé à côté d’un corps froid, tout corps finit par se refroidir.

Avec cette fresque ample, foisonnante, qui court de la garden-party de l’Elysée aux bords de la mer de Chine mais aussi sur d’autres théâtres, Serge Bramly recompose de manière éblouissante toute l’histoire de la France de ces trente dernières années, où les dessous de la politique apparaissent dans leur vérité nue, où les forces qui régissent les affaires se dessinent dans leur vérité crépusculaire, où le mensonge finit par condamner faibles et puissants à une solitude existentielle.
L'Auteur : Né en 1949 à Tunis, Serge Bramly est l’auteur de romans qui tournent autour du thème de l’irréalité, de la mystification : L’itinéraire du fou ( prix Del Duca), La danse du loup ( Prix des libraires), Ragots . Il est en outre l’auteur de nombreux essais sur la Chine ( Le voyage de Shanghai), sur l’art ( Léonard de Vinci, prix Vasari) et la photographie.

Bruno de Cessole L'Heure de la fermeture dans les jardins d'Occident La Différence


Philippe Montclar, jeune étudiant en quête d'absolu, rencontre par hasard, dans les allées du jardin du Luxembourg, Frédéric Stauff, philosophe que l'intelligentsia parisienne a d'abord porté aux nues puis excommunié. Fasciné par le personnage dont nul ne parle plus, il enquête sur son passé et cherche à le revoir.
Peu à peu se noue entre eux une relation amicale qui évolue vers des rapports de maître à disciple. Au fil de discussions dans les jardins et les cafés de Paris, Frédéric Stauff confie au jeune Montclar l'histoire de sa vie - sa conversion à un mode d'être obscur et anonyme qui prône le suicide comme seule issue philosophique à l'existence.
Pour le convaincre, il lui raconte les échecs splendides de vies exemplaires : Senancour, Leopardi, Nietzsche, Bloy, Walser... Pourquoi Montclar, d'abord fasciné, commence-t-il à douter de son maître ? Un voyage à Rome auprès d'un ancien camarade spécialiste du suicide dans la Rome antique l'amène à se demander s'il n'est pas manipulé par un héritier des sophistes.
La maîtresse de Montclar, Ariane, sera l'instrument du destin. Biographie de .

François Cérésa Les moustaches de Staline Fayard


Grand Hôtel, Cabourg. Jean tombe par hasard sur Garance, un amour de jeunesse. Est-ce vraiment le hasard ? Ils partent sur les traces du passé.
Dans les années 70, pendant les vacances, Yvonne, la mère de Garance, mannequin et écrivain, recevait dans sa villa des artistes et des intellectuels.
Avant l’heure de l’apéritif, elle faisait du bronzage intégral dans les dunes. Jean trouvait qu’elle ressemblait à Candice Bergen. Il admirait aussi ses amis. Avec eux, rien n’était banal.
Tous étaient amoureux d’Yvonne, mais cela ne le choquait pas puisqu’il l’était aussi. Il n’imaginait pas à quels désastres tout cela mènerait.
François Cérésa est journaliste et écrivain. Il a signé une vingtaine d’ouvrages, dont La Vénus aux fleurs (prix Paul-Léautaud), La femme aux cheveux rouges (prix Jean-Freustié) et Les amis de Céleste (prix Joseph- Delteil).
Il a proposé aussi une suite aux « Misérables » avec « Cosette » et « Marius ».
Il est également l’auteur de romans historiques comme « Les Trois hussards », « Fière Eléonore » et « La terrible vengeance du chevalier d’Anzy ».
En outre, il vient de lancer un mensuel d’écrivains fait par des écrivains : « Service littéraire », avec des collaborateurs comme Maurice Druon, Hélène Carrère d’Encausse, Frédéric Vitoux, Max Gallo, Jean Daniel, Patrick Rambaud, Yann Queffélec, Eric Neuhoff, Christian Millau, Daniel Rondeau, Serge Lentz...

Sorj Chalandon Mon traître Grasset


"Il trahissait depuis près de vingt ans. L'Irlande qu'il aimait tant, sa lutte, ses parents, ses enfants, ses camarades, ses amis, moi. Il nous avait trahis. Chaque matin. Chaque soir..." Sorj Chalandon
Biographie
Sorj Chalandon, 55 ans, a été journaliste à Libération.
Ses reportages sur l'Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988.
Il a publié, chez Grasset, Le petit Bonzi (2005) et Une promesse (2006, prix Médicis).

Benoît Duteurtre Les pieds dans l'eau Gallimard
«Le 29 septembre 1990, une vingtaine de descendants de René Coty se retrouvèrent à l'Élysée. Chez les petites-filles du Président, d'ordinaire si ardentes à rompre avec le passé, l'opportunité sembla éveiller un brin d'amusement.
Les années glorieuses s'éloignaient suffisamment pour prendre un arrière-goût folklorique. Tout le monde avait oublié le nom de Coty – sauf pour le confondre avec celui d'un parfumeur.
L'époque présidentielle ne représentait plus une menace avec ses privilèges. Rien ne pouvait désormais entraver le triomphe de cette vie normale vers laquelle ma famille inclinait depuis trente ans.»
Avec ce roman familial, Benoît Duteurtre déploie son art d'humoriste social sur un mode plus intime. À l'ombre des falaises d'Étretat, il observe les transformations de la bourgeoisie en vacances, le catholicisme revisité par mai 68 et sa propre évolution de jeune homme moderne à la découverte de la nostalgie.

Jean-Paul Enthoven Ce que nous avons eu de meilleur Grasset


Peut-on, comme Josué, arrêter la course du soleil ? Les morts sont-ils encore jaloux ?
Pourquoi Marlon Brando écrivait-il des cartes postales qu’il n’envoyait à personne ?
En quelle circonstance un débauché peut-il s’abandonner au fanatisme religieux ?
Quels rapports y a-t-il entre Churchill, Alain Delon et un jeune berbère qui voudrait apprendre à nager ?
Qui a inventé le monothéisme amoureux ?
Et à quel instant, au juste, franchit-on la ligne de démarcation qui sépare la fin de la jeunesse du reste de la vie ?
Telles sont, entre beaucoup d’autres, quelques unes des questions que se posent les héros de ce roman dont l’intrigue éclatée va et vient autour d’un lieu unique : le Palais de la Zahia (ce mot, en arabe, désigne la joie), situé quelque part, au sud, près d’un désert…
Dans ce Palais – splendide, nécrosé, envahi par la végétation et les souvenirs – quelques amis, plutôt bien traités par l’existence, ont pris l’habitude de se retrouver dans une ambiance rieuse. Il y a là, parmi des créatures sexuellement très diversifiées, deux amis : un narrateur (très influencé par les livres de Stendhal et les films de Maurice Ronet ) et un certain Lewis, riche, célèbre, philosophe et épris d’Irène, son épouse rêveuse. Est-il nécessaire d’en dire davantage ?
Ce roman – rythmé par une série d’interrogatoires confiés à un enquêteur énigmatique – revisite ainsi, dans un grand désordre de sensations et de péripéties: 1/ l’histoire d’une amitié 2/ La mémoire d’un Palais trop fréquenté par ses propres fantômes 3/ La chronique d’une passion clandestine avec une jeune veuve qui n’a pas froid aux yeux 4/ la lutte des uns et des autres contre le temps et ses alliés (haine, tempêtes de sable, solitude, vanité, peur, envie…) Bien entendu, il s’agit d’un roman. Et il va de soi que toute ressemblance avec des personnes existantes, etc, etc…
Dominique Jamet Un traître Flammarion


"Juin 1940, en France, est-ce le meilleur moment pour avoir 20 ans ?
Jean Deleau est alors un jeune homme sans histoire. Quatre ans plus tard, devenu le chef redouté de la « Gestapo française » de Neuville-sur-Loire, il échappe à la justice de la Libération et parvient à se cacher pendant vingt ans chez sa mère.
Enfin arrêté en 1965, il passera encore vingt ans en prison avant d’être libéré, à 65 ans… Ce roman est inspiré de la vie très réelle d’un collaborateur, jugé 23 ans après la fin de la guerre. Choisit-on de devenir un traître ? Ou tentons-nous d’organiser des événements dont les mystères nous échappent ?"

"Au long des semaines et des mois qui suivirent, Jean Deleau se familiarisa avec les techniques, les méthodes et la pratique des interrogatoires avec ou sans violence. Il y prenait une part de plus en plus active. C’était le métier qui entrait, et le passionnait, presque trop. Il croyait chaque jour davantage à ce qu’il disait et à ce qui se disait autour de lui.
Ce n’était quand même pas la faute des Allemands si l’imbécillité, l’incompréhension, la sotte rancune du plus grand nombre, le mauvais vouloir et la carence des autorités, le travail de sape des communistes et des gaullistes les contraignaient à assumer les tâches normalement dévolues à la police et à la justice françaises.
Comment considérer autrement que comme des mauvais Français ceux qui, au lieu d’accepter la défaite et ses conséquences, de serrer les rangs autour du Maréchal et de son gouvernement, de soutenir la seule politique conforme à l’intérêt national, obéissaient aux ordres de gouvernements étrangers, suivaient les consignes de généraux dissidents et combinaient de lâches attentats dans l’ombre en espérant que les représailles qui en découlaient creusent un fossé infranchissable entre la population et les troupes d’occupation ?
L’homme d’ordre, le soldat casqué et botté, le combattant impitoyable qui s’éveillait, s’agitait et parlait chaque jour plus fort à l’intérieur de l’insignifiant, du gentil Jean Deleau, ce bon petit jeune homme, sentait monter en lui une haine instinctive et raisonnée pour ceux que les journaux et la radio, obéissant aux directives du gouvernement, appelaient systématiquement « terroristes » ou « bandits »"
Michel Le Bris La beauté du monde Grasset

Ils furent, dans les années 20, les grandes stars de l'aventure. Lui, Martin Johnson, compagnon dans sa jeunesse de Jack London, inventa le cinéma animalier.
Elle, Osa, la plus glamour des risque-tout, inspira l'héroïne du film King Kong. D'eux, Hemingway écrivit qu'ils furent les premiers à briser les clichés sur " l'Afrique des ténèbres ".
Martin et Osa étaient, pour toute l'Amérique, les " amants de l'aventure ". En 1938 Winnie, écrivaine débutante, est chargée d'écrire la biographie d'Osa, veuve désormais, beauté flétrie réfugiée dans l'alcool, toujours hantée par le mystère de la beauté du monde...
Du New York des " roaring twenties " à la splendeur d'un Kenya des premiers âges de la Création, de la Table Ronde de l'Algonquin, où Dorothy Parker fut la marraine d'Osa, aux clubs de Harlem où s'inventait le style " jungle " quand la modernité la plus radicale flirtait avec notre " part sauvage " : à travers le destin d'une femme, c'est toute la fièvre d'une époque que Michel Le Bris nous fait revivre dans ce roman au souffle exceptionnel.
Colombe Schneck Val de Grâce Stock

Est-ce qu on me pardonnera d avoir été aimée à ce point ? se demande la narratrice.
Est-ce qu on lui pardonnera lachance inouïe d avoir passé les vingt-trois premières années de sa vie au « Val de Grâce » ?
Comment oublier 200 mètres carrés dans un immeuble haussmanien, rue du Val de Grâce, au coeur de la capi-tale ? Comment oublier les odeurs, le toucher d un appartement dont on connaît le moindre recoin, la moindreérafl ure ? Les nombreux meubles, l accumulation des objets, l originalité des décors, le papier doré et argenté desmurs ?
Comment oublier l enfance heureuse, préservée, qui donne droit à tout : aux confi series et à la boulangerieà compte ouvert ; à la patience de Madame Jacqueline ; aux rêves de princesse de contes de fées ?
Au Val de Grâce, tout devient beau, tout y est magique. Tout paraît éternel. Les enfants ne voient pas le manqued argent. L usure, le temps qui passe. On ne leur raconte pas la douloureuse histoire familiale, les parents juifsimmigrés fuyant la Shoah.
Mais cette histoire a son terme au bout de vingt ans. La disparition de la mère sonne la dernière fête, puis la liqui-dation du Val de Grâce. C est l enfance qui s en va, les traces des parents, les souvenirs joyeux. Chez soi, en soi, onconserve un mini Val de Grâce, de précieuses reliques.
Un jour, alors que la vie est en miettes, on comprend qu ilfaut liquider Val de Grâce, le faire revivre une dernière fois pour mieux refermer la porte sur le passé.
Antoine Sénanque L'ami de jeunesse Grasset

Antoine est psychiatre. Il a quarante-huit ans et une situation enviable. Une épouse obsessionnelle, des jumeaux qu'il confond, une belle-mère hypocondriaque, un frère aîné qui vit à ses crochets. une secrétaire qui le déteste, des patients phobiques et fidèles, quand sa femme ne l'est plus.
Et surtout, un ami de jeunesse, Félix, restaurateur, coureur, menteur, dont l'insouciance heureuse le désespère. Car Antoine a le désespoir facile.
Dominé par ses doutes, velléitaire et passif, il laisse le temps altérer doucement son humeur. Jusqu'au jour où il décide de changer de vie et convainc Félix de le suivre...
L'ami de jeunesse est le roman caustique, tendre et drôle, d'une renaissance.
Note :
Les prochaines sélections auront lieu les 17 octobre et 12 novembre.
Source :
LivresHebdo
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La plupart de ces romans figurent déjà sur ma liste de lecture... avec pour préférence :
Christophe Bataille Le rêve de Machiavel
Dominique Jamet Un traître

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