littérature étrangère - coup d'oeil sur la séléction
"J’adore ce livre. C’est drôle, sensible, audacieux et tout sonne juste. Qu’elle est bienvenue cette voix qui s’élève parmi les grands ! Saša Stanišic. Ou Sasha Stanishitch. Nous ferions mieux d’apprendre à prononcer son nom car il est là pour longtemps. » - Colum McCann
Aleksandar grandit près de Višegrad, dans ce qui est encore la Yougoslavie, quand se produit un drame : la mort de son grand-père Slavko.
Celui dont les récits légendaires du communisme l’ont enchanté, et auquel il a fait le serment de transformer la réalité en histoires, l’enfant espère jusqu’au bout le réveiller.
Son grand-père adoré n’a- t-il pas fait de lui un magicien ? Mais il faudra que les pouvoirs d’Aleksandar soient grands car la guerre est proche.
Viendront le temps de l’exil et d’une intégration difficile dans l’Allemagne des années 1990, obsédée par le productivisme et le coût de la réunification.
L’évocation inoubliable d’une guerre qui s’est jouée tout près de nos frontières, dans l’indifférence et l’incompréhension générales.
Le regard d’un enfant, plus préoccupé des malheurs de ses proches, de l’issue d’un match de football, de ses premières amours, que de l’avenir de son pays mais dont le récit spontané souligne la violence avec laquelle la guerre fait irruption dans le quotidien.
Puis Aleksandar grandit et dès que l’occasion lui est donnée d’écrire, il ne cessera d’évoquer son enfance et le souvenir de son pays perdu.
Le lecteur assiste alors à la naissance d’un prodigieux écrivain pour son plus grand plaisir.
Né en 1978, de mère bosniaque et de père serbe, Sasa Stanisic a quatorze ans quand il doit fuir la ville de Visegrad, alors que la guerre embrase la Yougoslavie.
Il se réfugie avec ses parents en Allemagne, où il choisira de rester après leur départ vers les États-Unis, alors qu'il a tout juste dix-sept ans.
La beauté des images et la force de l écriture dece premier roman, Le soldat et le gramophone, démontrent que la langue et la littérature peuvent devenir la terrepromise d un apatride.
Premier roman magistral, "Le soldat et le gramophone" est le récit de la guerre yougoslave, vue par les yeux d'un enfant
Aleksandar, le narrateur, a vu voler en éclats la Yougoslavie de ses premières années.
Celle, mythifiée, de Tito, telle qu'elle était racontée par son grand-père, un fidèle du parti.
Celle, réelle, de familles réunies autour d'une immense table, le plus souvent insoucieuses de l'origine serbe des uns ou bosniaque des autres.
Le roman s'ouvre sur une scène digne de Kusturica, l'inauguration en grande pompe de toilettes neuves chez les grands-parent sur fond de banquet, rire, musique et repas à n'en plus finir.
"Il y a soudain du börek, de la pita aux pommes de terre, de la pita aux orties, de la pita au potiron, du gâteau aux noix... il n'y a pas d'ordre, les plats ne se suivent pas, sans arrêt, quelqu'un dit qu'il ne peut plus rien avaler, pas même une bouchée..."
Fête et musique sont brutalement interrompues par un des convives, qui brandit son pistolet face au trompettiste et hurle :
"Chantez les exploits de nos rois et de nos héros, nos batailles et la Grande Serbie !"...
"Je ne laisserai pas plus longtemps des Bohémiens me servir des chants oustachis et des gigots turcs"...
La colère annonce d'autres orages.
Et des questions alors inconnues : "Ver de terre m'avait demandé : T'es quoi en fait toi ?" Serbe, bosniaque, croate ?
L'enfant narrateur, qui se croyait jusque là yougoslave, se découvre à moitié bosniaque :
"Dans la rue, un garçon m'a traité de bâtard. Il prétend que ma mère a empoisonné mon sang serbe".
Par chance, face aux soldats serbes, il apprend aussi qu'il porte "un nom parfait" (Aleksandar).
Contrairement à ceux qui ont été emmenés "parce qu'ils n'avaient pas le nom qu'il faut" - ils s'appelaient Aziz, Husein ou Fadil.
Avec sa famille, l'enfant fuit la guerre en Allemagne :
"Quand on me demande d'où je viens, je dis que c'est une question compliquée parce que je viens d'un pays qui n'existe plus à l'endroit où j'ai vécu."
C'est en Allemagne qu'il va vivre son adolescence.
Tenter de savoir si Asina, l'enfant blonde bosniaque cachée avec lui lors de l'arrivée des troupes serbes, a survécu.
Et se souvenir d'une enfance heureuse, à pêcher le silure sur les bords de la Drina et à brandir la badine taillée par grand-père Slavko pour en faire une baguette magique.
"En portant le chapeau et en brandissant ta baguette, tu seras le plus puissant magicien du possible et de l'impossible dans l'ensemble des Etats non-alignés," lui avait-il dit. Magnifique premier roman, écrit en allemand, langue de l'exil, "Le soldat et le gramophone" mêle aux horreurs de la guerre les enchantements de l'enfance.
Dans une Europe en construction et en déconstruction, Sasa Stanisic, tout juste trentenaire (il est né en 1978), promet d'être, en littérature, "un puissant magicien du possible et de l'impossible". - http://culture.france3.fr/livres/coups-de-coeur/45659874-fr.php
encore un livre a rajouter sur ma liste...
Le sujet me semble particulièrement intéressant.
Espérons que la bibliothèque l'aura dans ses rayons.
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