envie de lire
Huit ans après Le Crayon du charpentier, voici le nouveau roman de Manuel Rivas, sans doute la plus riche et la plus vaste fresque qu'il nous ait donné sur la Galice.
Au coeur du récit, un fait historique :
l'autodafé qui a eu lieu sur le port de La Corogne le 19 août 1936, quelques semaines après le pronunciamiento du général Franco et le début de la guerre civile espagnole.
Ce jour-là, des centaines de livres provenant des bibliothèques publiques et privées de Galice ont été brûlés devant les habitants de la ville par des militants de la Phalange - le parti fasciste espagnol.
Mais les livres brûlent mal, on le sait, et du bûcher se sont détachées quelques pages, une couverture, une illustration, qui souvent de sont mises à danser dans le vent et ont échappé aux flammes.
En bon poète, Manuel Rivas nous invite à suivre les vagabondages de ces bouts de papier.
En bon romancier, il nous raconte les mille et une histoires qui s'y cachent.
Les cahiers calcinés d'un manuel d'électricité nous parle ainsi du destin du boxeur Vicente Curtis, ancien membre de l'athénée révolutionnaire L'Eclat dans l'Abîme, condamné à traîner dans les rues le cheval de bois des photographes ambulants.
Une illustration méconnaissable nous renvoie aux aventures de la petite lavandière O qui, dans les eaux de la rivière, voit surgir de mystérieux visages.
Un peu plus loin, une page de garde à demi brûlée porte encore l'ex-libris de la bibliothèque Santiago Casarès Quiroga, le leader républicain qui doit fuir la Galice et se retrouve exilé en France avec sa fille Vitola, la future Maria Casarès.
Nous passons d'un personnage à l'autre, d'une histoire à l'autre, en tournant doucement l'invisible sphère armillaire qui fait de ce roman un kaléidoscope ou un carrousel enchanté.
Ces pages d'une intense poésie nous montrent que dans la ville de La Corogne, comme partout ailleurs, la condition de l'homme est celle d'un être fragile et toujours imprévisible, capable à chaque instant du meilleur comme du pire.
Manuel Rivas Barros, né en 1957 à La Corogne, est un écrivain, journaliste et poète galicien qui écrit dans sa langue maternelle et s'auto-traduit en espagnol, reconnu en Espagne par de nombreux prix littéraires et traduit dans un certain nombre d’autres pays comme la France.
Son œuvre littéraire, traduite en plusieurs langues, est centrée sur la terre galicienne et sa culture, en développant tout particulièrement les questions de l'émigration , des méfaits du franquisme et des destructions de la guerre civile espagnole.
Il est un membre fondateur de Greenpeace Espagne, organisation dans laquelle il a exercé des responsabilités durant des années.
Il a joué un important rôle durant le crise du Prestige en 2003, et à ce titre a collaboré à l'élaboration de la charte citoyenne Nunca Máis.
Régionaliste convaincu, il a consacré une grande partie de son travail journalistique à critiquer le gouvernement de Manuel Fraga Iribarne (articles regroupés dans ''Galicia, Galicia''). Il est lauréat de divers prix littéraires en Espagne, comme le prix Torrente Ballester ou celui de la critique nationale.
De son recueil de contes "¿Qué me quieres amor?", la nouvelle "A lingua das bolboretas " en galicien, "La lengua de las mariposas" ("La langue des papillons") est adaptée au cinéma en 1999 par le cinéaste espagnolJosé Luis Cuerda et sort en France le 13 mars 2001.
L'histoire se déroule en Galice, le film a été tourné dans la province d'Ourense, pendant l'été 1936, c'est le début de la guerre civile espagnole. Les relations émouvantes entre un maître républicain et un enfant.
La nouvelle "O lapis do carpinteiro" en galicien, "El lápiz del carpintero" en espagnol est adaptée au cinema par Antón Reixa C'est l'histoire d'amour d'un médecin républicain sous le regard d'un franquiste pendant la guerre civile d'Espagne avec des scènes à Vigo, La Corogne et Saint-Jacques-de-Compostelle.
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Note :
Nouveau livre inscrit sur ma liste, pour son sujet, puisque j'ignore pratiquement tout sur l'auteur...
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En passant, une visite s'impose également sur le site du sculpteur Paolo Beneforti...
livres et sculptures : voir l'artiste
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