mardi 9 septembre 2008

Catherine Cusset - Un brillant avenir

Rentrée littéraire septembre 2008
Elena, une jeune Roumaine née en Bessarabie et ballottée par l'Histoire, rencontre à un bal en 1958 un homme dont elle tombe passionnément amoureuse.
Il est juif, et ses parents s'opposent au mariage.
Elena finit par épouser Jacob et par réaliser son rêve : quitter la Roumanie communiste et antisémite de Ceauescu.
Émigrer aux États-Unis. Elle devient américaine, et se fait appeler Helen.
Elle a rompu avec le passé, mais l'avenir n'est plus un rêve. Helen est maintenant confrontée à une réalité qui lui échappe :
la maladie et la dépression de son mari ;
l'indépendance de ce fils à qui elle a tout sacrifié, et qui épouse une Française malgré l'opposition de ses parents.
Cette jeune femme égoïste, arrogante, imbue d'un sentiment de supériorité presque national, Helen ne l'aime pas.
Cette belle-mère dont le silence recèle une hostilité croissante, Marie en a peur.
Pourtant, entre ces deux femmes que tout oppose – leur origine, leurs valeurs et leur attachement au même homme –, quelque chose grandit qui ressemble à de l'amour.
L'Auteur :Catherine Cusset vit à New York depuis vingt ans.
Elle a déjà publié huit romans aux Éditions Gallimard :
La blouse roumaine (L’Infini, 1990),
En toute innocence (collection blanche, 1995, Folio n° 3502),
À vous (collection blanche, 1996, Folio n° 3900),
Jouir (collection blanche, 1997, Folio n° 3271),
Le problème avec Jane (collection blanche, 1999, Folio n° 3501, Grand Prix des Lectrices de Elle 2000),
La haine de la famille (collection blanche, 2001, Folio n° 3725),
Confessions d’une radine (collection blanche, 2003, Folio n° 4053),
Amours transversales (collection blanche, 2004, Folio n° 4261)


revue de presse : A l'occasion de cette rentrée littéraire, Télérama vous propose de découvrir une sélection parmi nos livres préférés. Avec “Un Brillant avenir”, Catherine Cusset signe un puzzle virtuose.

« Je suis fatiguée », répète Helen à qui tente de l'interroger dès qu'elle manifeste une réticence.
Mais qui parle ?
La nouvelle naturalisée américaine, ou l'ex-Elena, jeune physicienne roumaine qui dut tant se battre pour survivre ?
Pour imposer Jacob, d'abord, à sa famille antisémite ;
puis pour fuir avec lui en Israël, quand toute carrière était interdite, à Bucarest, à l'épouse d'un juif ;
et, par peur de devoir sacrifier là-bas leur fils unique à l'exigeante patrie, partir enfin en Amérique ;
et recommencer de zéro, à 40 ans.
Et voilà que l'épouse du fils tant protégé, Marie, jeune intellectuelle française vivant de traduction à New York, menace de tout gâcher, d'entraîner son mari en France et de briser son « brillant avenir » américain...

Plus qu'à une joute entre mère possessive et belle-fille rebelle, c'est à une plongée dans la volonté absolue d'être soi, de résister, que convie Catherine Cusset d'une écriture sans gras.
La volonté ici des « étrangers », aux autres comme à eux-mêmes.
Sans doute la romancière de 45 ans, affûtée normalienne qui vit à New York depuis vingt ans et y est mariée à un Roumain devenu américain, a offert beaucoup d'elle-même dans cette bouleversante mais toujours pudique et minimaliste saga sur quatre générations – de 1950 à 2006 –, dans quatre pays – Roumanie, Israël, Etats-Unis, France.
Elle a ainsi appelé Marie sa Française iconoclaste, prénom récurrent dans nombre de ses livres, dont on retrouve ici – de En toute innocence (1995) jusqu'aux Confessions d'une radine (2003), via La Haine de la famille (2001) – une même jubilation à dépeindre nos mille guerres intestines et jouissances-souffrances quotidiennes.
Mais rarement la spécialiste de Sade avait donné tant d'ampleur à un récit où elle jongle magnifiquement avec l'espace et le temps, met en scène au plus concret la dictature de Ceausescu, le conflit israélo-palestinien, ou l'Amérique des intellos émigrés.

De ce puzzle virtuose surgissent de superbes portraits de femmes.
Helen-Elena, Marie bien sûr – et même Camille, la petite-fille –, mais aussi la fausse-vraie mère roumaine de Bucarest, rompue au mensonge et qu'Elena ne veut plus revoir.
Même si elle finit in extremis par se mentir à elle-même, elle aussi, pour ne pas mourir de chagrin.
La beauté lancinante de ce grand roman étrangement vif et mélancolique est peut-être là : devoir sa force non à l'échange, à la vérité, mais au silence, au presque mensonge. Et à la solitude. - Fabienne Pascaud-Télérama n° 3058


Note :
Moyennement tentée...
contre : histoire mère/fils/belle-fille....
pour : famille juive - roumanie

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