mardi 16 septembre 2008

Beatriz Preciado - Testo junkie

Gonflée

Testojunkie : c'est sous ce titre que sortira, chez Grasset, le 14 octobre, l'essai le plus insensé de la rentrée.
Soit le journal, tenu jour après jour, de l'intoxication -volontaire - à la testostérone de la philosophe espagnole et théoricienne du mouvement « queer » Beatriz Preciado.
Le dessein de cette universitaire réputée, auteur du Manifeste contra-sexuel (Balland, 2000), et grande amie de Virginie Despentes, est d'étudier les transformations de son corps et de ses affects au fur et à mesure des injections de l'hormone sexuelle mâle.

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noté sur le blog de l'auteur :

Ce livre n'est pas une autofiction. Il s'agit d'un protocole d'intoxication volontaire à base de testostérone synthétique concernant le corps et les affects de B.P.
C'est un essai corporel.
Une fiction, c'est certain.
Dans tous les cas, s'il était nécessaire de pousser les choses à l'extrême, une fiction auto-politique ou une auto-théorie.

Pendant le temps de cet essai se sont succédées deux mutations externes dans le contexte environnant le corps expérimental, dont l'impact n'a pu être calculé au préalable, et qui ne peuvent être prises en compte comme faisant partie de l'étude, mais qui constituent les limites autour desquelles adhère l'écriture.
Premièrement, la mort de G.D., condensé humain d'une époque qui s'efface, idole et ultime représentant français d'une forme d'insurrection sexuelle à travers l'écriture ; et, quasi simultanément, le tropisme du corps de B.P. vers le corps de V.D., impérative occasion de perfection et de ruine.
Sont registrées ici aussi bien les micro-mutations physiologiques et politiques provoquées par la testostérone dans le corps de B.P. que les modifications théoriques et physiques suscitées dans ce corps par la perte, le désir, l'exaltation, l'échec ou le renoncement.
Je ne m'intéresse pas, ici, à mes émotions en tant que miennes, n'appartenant qu'à moi et uniquement à moi. Je n'étudie pas, ici, ce qu'il y a d'individuel en elles, mais plutôt ce qui est externe et vient les traverser.

Ce qui émane de l'histoire de la planète, de l'évolution des espèces vivantes, des flux économiques, des résidus des inventions technologiques, de la préparation des guerres, du trafic des esclaves et des marchandises, de la production de hiérarchies, des institutions pénitentiaires et de répression, des réseaux de communication et de surveillance, des imbrications aléatoires des techniques et des groupes d'opinion, de la transformation biochimique de la sensibilité, de la production et de la diffusion des images pornographiques.
Le lecteur ne trouvera pas ici de conclusion définitive sur la vérité de mon sexe, ni d'oracle sur le monde à venir. Certains trouveront en ce texte un manuel de bio-terrorisme du genre à l'échelle moléculaire.

D'autres y verront un simple point dans une cartographie de l'extinction. Je donne à lire ces pages qui dessinent les croisements des théories, des molécules et des affects, pour laisser trace d'une expérience politique dont la durée exacte a été de 236 jours et nuits et qui continue aujourd'hui sous d'autres formes.
Si le lecteur trouve ici, assemblés, sans solution de continuité, des réflexions philosophiques, des récits de session d'administration d'hormones, et des registres détaillés de pratiques sexuelles, c'est simplement parce que c'est le mode sur lequel se construit et se déconstruit la subjectivité.

biographie

Beatriz Preciado est une philosophe qui revendique une égalité hommes/femmes.
Pour ce faire elle travaille sur les études des genres.
Elle est chercheuse à l’Université de Princeton et enseigne à l’université de Paris VIII.

Elle a écrit deux livres : Le Manifeste contra-sexuel et Testo Yonqui.

Queer est, à la base, un mot anglais signifiant « étrange », « peu commun », souvent utilisé comme insulte envers individus gays, lesbiennes, transsexuels
Par ironie et provocation, il fut récupéré et revendiqué par des militants et intellectuels gay, transsexuels, transgenres, bisexuels, adeptes du BDSM, fétichistes, travestis et transgenres à partir des années 1980, selon le même phénomène d'appropriation du stigmate que lors de la création du mot négritude.

En France, si le terme queer est notamment connu du fait de séries télévisées présentant les gays comme des gens branchés, il n'en reste pas moins qu'il sert avant tout de point de ralliement pour ceux qui -
hétérosexuels compris - ne se reconnaissent pas dans l'hétérosexisme de la société, et cherchent à redéfinir les questions de genre (Gender Studies). Depuis les années 2000, les mots allosexuel, altersexuel et transpédégouine constituent des tentatives de traduction en français.

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