pas dans les tous premiers sur ma liste, mais bon, j'aime assez les romans historiques...
donc lecture probable en cours d'année...
d'autant plus qu'ayant été primé... il va être très demandé en bibliothèque... et la liste d'attente sera sans doute longue...
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Pour la 5ème année consécutive, les libraires Virgin Megastore et les journalistes de la rédaction de LIRE ont attribué leur Prix de la Rentrée Littéraire.
Ce prix, devenu en 2007 le Prix Laurent-Bonelli - Lire & Virgin Megastore, sera remis lors de la soirée de la Rentrée Littéraire qui se déroulera demain Mercredi 3 septembre 2008 au Virgin Megastore Champs-Élysées.
«C'est un homme sans vertu, sans conscience. Un libertin, un impie. Il se moque de tout, n'a que faire des conventions, rit de la morale.
Ses mœurs sont, dit-on, tout à fait inconvenantes, ses habitudes frivoles, ses inclinations pour les plaisirs n'ont pas de limites.
Il convoite les deux sexes.
On ne compte plus les mariages détruits par sa faute, pour le simple jeu de la séduction, l'excitation de la victoire.
Il est impudique et grivois, vagabond et paillard.
Sa réputation le précède. Les mères mettent en garde leurs filles, de peur qu'il ne les dévoie.
Il est arrivé, on le soupçonne, que des dames se tuent pour lui. Après les avoir menées aux extases de l'amour, il les méprise soudain car seule la volupté l'attise.
On chuchote qu'il aurait perverti des religieuses et précipité bien d'autres dames dans les ordres.
Il détournerait les hommes de leurs épouses, même ceux qui jurent de n'être pas sensibles à ces plaisirs-là. Oh, je vous le dis, il faut s'en méfier comme du vice.»
Paris, 1760. Le jeune Gaspard laisse derrière lui Quimper pour la capitale.
De l'agitation portuaire du fleuve aux raffinements des salons parisiens, il erre dans les bas-fonds et les bordels de Paris.
Roman d'apprentissage, Une éducation libertine retrace l'ascension et la chute d'un homme asservi par la chair.
Jean-Baptiste Del Amo a vingt-six ans et vit à Montpellier.
Une éducation libertine est son premier roman.
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blog de l'auteur :
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Revue de presse : rue 89Premier roman piquant pour Del Amo le libertin
Comme l’indiquait notre panorama, « Une éducation libertine » est un des premiers romans les plus frappants de cette rentrée littéraire. Un roman historique et initiatique hypersexué, situé en plein siècle des lumières. C’est avec lui que débute la nouvelle saison.
« D’innombrables gamins grouillaient en tous sens, dégringolaient les escaliers, fouillaient les amoncellements, sitôt rattrapés par leurs génitrices qui les soulevait par des langes sales, les faisait remonter à grands coups aux fesses. Ici, nulle intimité. On forniquait à la vue de tous, les mains campées sur les balustrades, les jupons retroussés sur des culs sans gêne, à en faire trembler le bâtiment. On jouissait au su des enfants, au su des voisins. »
Ces quatre phrases, au début du roman, posent le ton et le décor.
« Une éducation libertine » se déroule en plein Siècle des Lumières, à Paris. Le roman remporte vite les suffrages du lecteurs, car il parvient rapidement à unir un aspect « cour des Miracles » à une dimension « bourgeoise ».
C’est en cela que Del Amo est parvenu à donner une touche sociale à son roman initiatique.
N’en serait la différence d’époque et de souverain, on retrouve dans « Une éducation libertine » ce qui faisait la richesse, par exemple, de « La Reine Margot » de Patrice Chéreau : la crasse mariée au luxe, le stupre à l’arrivisme, le complot à l’ambition.
Jean-Baptiste Del Amo a vingt-six ans, vit à Montpellier où il a « travaillé dans le secteur social ». Malgré une trop grande quantité de descriptions, son premier roman est porté par une écriture très ambitieuse, épaisse et épique, très sexuée, qui sauvegarde le plaisir.
« Une éducation libertine » est un roman historique (la France des Lumières, les artisans de faubourgs, la bourgeoisie courtisane) mais aussi un roman d’apprentissage très osé (homosexualité, prostitution masculine, écriture sexuée, libertinage).
Des dimensions sur lesquelles nous avons interrogé l’auteur.
Pourquoi cette période de l’Histoire de France ? Quel a été votre travail de documentation ?
C’est avant tout un intérêt de lecteur pour les auteurs du XVIIIe siècle, en particulier Laclos et Sade ; un hommage au roman libertin. Je n’avais en revanche pas l’ambition d’écrire un roman historique, mais d’utiliser un contexte social particulier, très contrasté, et une vision de Paris extrême et sensitive. L’idée première était aussi d’utiliser les codes du roman d’apprentissage, tout en donnant à l’histoire de Gaspard une résonance contemporaine.
J’ai travaillé sur des archives de la ville, les études sur la vie dans les rues, d’anciens plans de Paris. J’ai aussi cherché à comprendre la prostitution, l’homosexualité, mais par une approche contemporaine. En revanche, j’ai veillé à n’être pas bridé par un souci d’exactitude. Je voulais garder intacte la vision onirique que je me suis faite de Paris en préparant le roman, comme d’une ville labyrinthique et dotée d’une vie propre.
En abordant l’homosexualité, la prostitution masculine et féminine, le libertinage bourgeois, que comptiez-vous dire sur cette période qui n’ait été déjà dit ?
Il y a dans ce clivage social, dans cette errance identitaire et dans l’impatience d’un peuple lassé du pouvoir absolu, une tension, une lassitude, qui me semblent faire écho à notre monde. C’était aussi le temps du soulèvement de la démocratie, l’éveil des consciences, l’avènement des arts : ce qu’il manque à ma génération. Si tout a sans doute été dit, il est encore possible d’explorer la manière de traiter ces thèmes. J’espère l’avoir fait humainement, par une psychologie particulière.
Ici, nous sommes au XVIIIe, les personnages n’ont pas les éléments de compréhension que nous possédons aujourd’hui. L’homosexualité, par exemple, n’est apparue qu’au XIXe siècle, on parle avant de pratiques sexuelles, de pédérastie, de sodomie. Comment les personnages appréhendent alors leur corps, leur relation à l’autre dans l’amour ou le sexe ? Tous font l’expérience d’une clairvoyance, d’une construction identitaire.
Dans cette cour des miracles qu’était Paris au XVIIIe siècle, la sexualité, souvent animale, était vécue sans manières. C’est un contraste intéressant avec l’empreinte religieuse que l’on retrouve dans la bourgeoisie et la noblesse, l’éducation des jeunes filles à la chasteté et à la vertu. Même si le XVIIIe a tendu vers un contrôle des mœurs, la rue était encore le lieu de l’impudeur par excellence et les archives de déposition de Police en sont un bon exemple ! Votre écriture est très incarnée, à la fois physique, corporelle, sexuelle, sensuelle, brute, distinguée, cour royale comme cour des Miracles. Est-ce votre écriture ou est-ce votre façon d’écrire le XVIIIe siècle ?
Je suis fasciné par les auteurs dont l’écriture est sensorielle, dont l’évocation suffit à faire éprouver au lecteur une odeur, une sensation. Je pense à Gabrielle Wittkop (1920-2002 ; publiée par les Eds Verticales, ndlr), mais aussi à Proust ou à Virginia Woolf. Tous sont les figures tutélaires de ce livre et du jeune auteur que je suis. Je voudrais parvenir à cette force d’évocation où l’écriture transcende le réel. La lecture peut être une expérience physique. Mon prochain roman se situe à l’époque contemporaine, sur des thèmes différents, mais dans la continuité d’"Une éducation libertine".
► Une éducation libertine de Jean-Baptiste Del Amo – Gallimard – 437p., 19€ - tirage de départ : 6000 ex.
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